Référente numérique et formatrice dans le même domaine, Valérie Benoit exerce ses activités en GRETA avec passion. Elle fait le point avec nous sur cet univers qui s’est imposé en société mais qui, contrairement aux idées reçues n’est pas toujours abordable par tous. D’où l’utilité de proposer des formations adaptées avec des innovations pédagogiques.
Bonjour Valérie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Valérie Benoit : Je suis référente numérique au sein du Greta Portes Normandes. J’interviens auprès des publics sur les dispositifs Savoirs Essentiels, #Avenir ou les groupes qualifiants : Industrie, Tertiaire, Hygiène et Propreté. Je propose des ateliers collectifs ou individuels en fonction des matières et des groupes. Je suis également formatrice en mathématiques, numérique et bureautique.
Combien de stagiaires sur les filières numériques comptez-vous et sentez-vous une évolution par rapport au nombre de participants à ces formations ?
VB : Me concernant, je peux compter une quarantaine de stagiaires sur l’antenne de Vire, et autant sur l’antenne de Flers. Ce sont des chiffres locaux mais globalement, les promotions sont plutôt bien remplies et ça ne baisse pas.
« On met place des classes autonomes qui sont adaptées aux stagiaires »
Quel état des lieux peut-on faire sur l’appropriation du numérique des apprenants ?
VB : En fait, c’est assez disparate. Le numérique prend effectivement de plus en plus de place dans la société et les entreprises se doivent d’être « connectées ». Malgré tout, on s’aperçoit aussi que le public ne dispose pas des mêmes accès suivant les territoires. On est parfois surpris de voir des stagiaires qui ne sont pas autonomes avec les outils informatiques. Certains ne sont même pas équipés ! Il faut donc pouvoir s’adapter à chaque niveau. On met place des classes autonomes qui sont adaptées aux stagiaires, c’est assez convaincant.
Pourquoi avoir mis en place l’escape game « Random Access Memory » et auprès de quel public est-il mis en œuvre ?
VB : Nous avons mis en place l’escape game sur un public #Avenir et au niveau des Savoirs Essentiels sur les antennes de Flers et Vire fin septembre 2023. Nous voulions présenter les différents métiers du numérique grâce à cette activité, qui, par son aspect ludique permet une accessibilité plus large. De fait, il y a même eu un groupe de Français Langue Étrangère qui a participé au jeu !
« Se rendre compte concrètement de l’utilisation du numérique en milieu professionnel »
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette démarche ? Est-il intégré dans un projet plus large ?
VB : A l’issue de cet escape game, nous avions pour objectif de faire des visites d’entreprise pour se rendre compte concrètement de l’utilisation du numérique dans le milieu professionnel. Nous sommes allés par exemple, rencontrer l’équipe de Cotral Lab à Condé en Normandie avec les apprenants. Ils fabriquent des prothèses auditives de protection pour les professionnels. Ils nous ont présenté l’ensemble de leurs métiers liés au numérique : administrateur réseau, impression 3D, technicien CAO (conception assistée par ordinateur). Dans le même ordre d’idée, avec Viviane Hilaire, nous avons également visité les Bains Douches Numériques de Flers, espace de co-working, où les stagiaires ont découvert un lieu accessible et axé sur les usages du numériques et les nouvelles technologies.
(visites organisées par Emilie Lemonnier et Viviane Hilaire, Référentes économique et partenarial sur Vire et Flers)
Qu’est-ce que cela vous permet de travailler avec les stagiaires ?
VB : Pendant l’animation, cela permet de mettre en lumière l’esprit d’équipe, la cohésion, la communication ou encore l’écoute entre les apprenants. Ils travaillent également leur raisonnement logique. Aussi, suite à l’escape game, on met l’accent sur les expertes numériques qui sont intégrées dans le jeu. Chacune des équipes doit élaborer une fiche sur ces personnalités qui ont réellement existé et une présentation orale. Cela permet aux stagiaires de s’acculturer à la filière et de les situer dans le temps, retracer leur vie personnelle et professionnelle.
Selon vous, quelle est la plus-value de cette ressource pédagogique ?
VB : C’est un moyen ludique de faire connaissance avec les métiers du numérique. Il a aussi cette particularité de valoriser la mixité et la place des femmes dans la filière. Sans oublier qu’il fait aussi un lien aussi avec l’histoire du Numérique.
« Varier leur apprentissage tout au long de leur formation »
Quel est l’intérêt pour une formatrice de proposer un escape game ?
VB : D’abord, parce que j’aime les escape games. J’ai eu la chance d’en avoir fait déjà personnellement et c’est toujours positif. Je trouve que c’est une animation très formatrice auprès de nos publics. On arrive à mieux cibler les personnalités, leaders ou pas, sens du collectif, écoute ou encore capacité à convaincre. Enfin, les modalités pédagogiques sont différentes et cela leur permet de varier leur apprentissage tout au long de leur formation.
Quels sont les retours des stagiaires par rapport à cette expérience escape game ?
VB : J’ai eu un retour très positif ! Ils ont été très surpris de constater que c’était réel, en dur et non quelque chose de virtuel derrière un écran. Le premier effet visuel, lorsqu’on rentre dans l’escape game est effectivement bluffant pour eux car ils sont plongés dans une ambiance bien spécifique. Pour la majorité d’entre eux, c’était leur première fois, il a donc fallu les guider un peu plus et l’effet immersif a fait le reste !